Accueil > Les grandes compétences: Poser un propos structuré

a) Enjeux

  • Quelle forme de réflexion ?
  • Synthétiser
  • Composition ou dissertation: plusieurs niveaux de complexité
  • Des démarches pour réaliser un plan

b) On fait comment ?

  • Etablir des liens logiques, généraliser, caractériser
  • Identifier un plan ou les étapes d’un raisonnement
  • Réaliser un plan de composition à partir d’un sujet et d’une documentation
  • Sélectionner des informations pour une composition
  • Faire travailler la problématique
  • Gestion du temps et du stress
  • Définir des modèles ou des règles

a) Enjeux

* Quelle forme de réflexion ?

[La structuration du propos est ici envisagée dans sa dimension immédiate, technique. La discussion, la mise en débat, sont abordées dans la page du site consacrée à « Dire ».]

Dans la mise en place d’un propos structuré, plusieurs modes de raisonnement peuvent être mobilisés. Les plus importants sont présentés ci-dessous :

Dans une approche déductive, l’idée générale est posée à priori puis elle peut déboucher sur une réflexion mettant en avant les oppositions ou les rapprochements possibles au sein des phénomènes étudiés. Dans une réflexion inductive, ces deux grandes catégories sont la base de la recherche d’une idée globale ou d’analyses divergentes. Ce cadre très général n’est bien entendu qu’un support à des mises en œuvre fort diverses et plus nuancées.

Nous nous attacherons ici principalement à l’approche inductive, car elle est à l’origine des formes les plus usuelles de structuration du propos. Chaque matière a ses propres voies privilégiées vers le raisonnement.

– le paragraphe argumenté, qui débouche sur la composition / dissertation

– la démonstration scientifique

– l’organigramme, la carte heuristique, le schéma

– la carte, le schéma spatial

La dissertation est un art bien français… Elle n’est pas la seule manière de raisonner, et elle est parfois critiquée, dans le cadre d’une harmonisation européenne. Néanmoins, pour un certain temps encore, elle demeure dans de nombreuses matières, et singulièrement en post-bac, un passage obligé. Elle fera donc l’objet de l’essentiel de cette partie, en ce qu’elle conditionne le travail de plusieurs matières dès le collège.

Pour l’argumentation en sciences, on se référera à l’ouvrage « Enseigner les sciences. Problèmes, débats et savoirs scientifiques en classe » de Christian Orange (De Boeck, 2012), qui pose la place centrale de l’argumentation et du débat dans la construction d’une véritable pensée scientifique. Plus prosaïquement, ainsi sur la résolution de problème en Physique-Chimie, on peut lire le rapport de l’IGEN sur Eduscol [1].

Pour l’organigramme, la conceptualisation peut être référée à Edgar Morin[2], l’homme de la « pensée complexe », repris depuis par André Giordan. Le cœur est une pensée en terme de système, dans lequel les rétroactions sont possibles, ce qui offre une grande souplesse pour synthétiser des situations, organismes ou dynamiques. Cela va donc bien plus loin que la simple carte heuristique, qui partant d’un cœur structure en branches isolées les unes des autres les différents aspects de l’objet étudié.  La carte heuristique est donc un outil remarquable pour explorer un sujet, mais elle montre rapidement ses limites. Le mot « organigramme » quant à lui reste fortement connoté Sociologie des organisations, et il y a peu (pas…) d’études menées sur son emploi dans l’école. Dommage, car il aide à identifier rapidement certaines lacunes cognitives des élèves (lien cause-effet notamment), permet de dépasser l’obstacle de la langue (pour les enfants « dys » notamment, dont il libère l’intelligence) et offre un outil remarquable pour apprendre à structurer, hiérarchiser, et à terme résumer
(voir les exercices proposés dans la partie Exemples de ce site).

La carte et le schéma spatial, outils spécifiques de la Géographie, n’entrent pas dans le cadre de ce propos général, et sont largement documentés.

* Synthétiser

Le mot « synthétiser » est employé avec plusieurs sens. Sans aller jusqu’à la synthèse chimique ou la biologie de synthèse, qui visent à créer de nouvelles substances, la synthèse représente principalement l’idée de résumer un document à ce qu’il a d’essentiel, ou bien la production d’une réflexion terminale à l’issue d’un travail de mise en ordre des données accessibles, soit sous la forme de structures de pensée soit sous la forme d’une idée globale, comme le montre le schéma ci-dessous. C’est cette dernière forme qui constitue l’avant-dernier niveau de la taxonomie de Bloom, ce qui en illustre bien la redoutable complexité.

[La modélisation, la définition de règles, s’articulent avec leur remise en cause face à leur dimension fixiste. L’esprit critique, qui est la meilleure arme contre le déterminisme, est abordé dans une autre partie de ce site.]

* Composition ou dissertation: plusieurs niveaux de complexité

Pour la problématique, il peut exister :

– une simple mise en question du sujet, reprise rhétorique

– un vrai questionnement, simple mais qui sera effectivement l’objet d’une réponse en conclusion

– une problématique ambitieuse, originale, pertinente

Les sujets tombés au bac, et ceux que nous donnons aux élèves, eux aussi entrent dans cette hiérarchisation : parfois de simples énoncés, parfois avec une problématique explicite, parfois avec une problématique induite.

Idem pour le plan :

– certains relèvent du classement d’informations ; c’est notamment le cas lors de la réalisation de dossier, lors de la première phase de relevé d’informations.

– d’autres appartiennent aux grandes familles de plans

/ en Histoire-Géographie : par thèmes, par période, par échelle ou espace, présentation / explication / typologie ;

/  en Philosophie : plan dialectique (dialogue : accord avec la thèse, désaccord, dépassement), en trois parties de préférence…. 

/  en Lettres : plan dialectique, plan analytique (présentation du problème, explication des points de vue, choix et synthèse finale)

/ en Economie  : plan dialectique, par thèmes

– certains peuvent être plus personnels

Enfin les arguments sont de natures différentes, ce qu’étudient en particulier les enseignants de lettres. Il peut être utile d’en connaître les grandes familles, parmi lesquelles on distingue essentiellement les arguments de cadrage (définition, présentation, association, quasi-logique, dissociation), analogiques (analogie, exemple, métaphore), de communauté (opinion commune, valeurs, lieux) ou d’autorité (compétence, expérience, témoignage, autorité négative)[3].

*  Des démarches pour réaliser un plan

– Certains se rassurent en plaçant tous les éléments en leur connaissance, puis réfléchissent.

– Certains posent un plan type, et répondent rapidement

– Certains analysent finement le sujet, et en déduisent, à priori, des plans possibles.

 Chacune des approches a ses avantages : richesse de l’information, réflexion structurée, approche personnelle et pertinente…

En fait il faut à un moment ou un autre introduire les trois !

b) On fait comment ?

 [ Une progression simple pour l’apprentissage de la technique de composition est proposée dans la partie consacrée à la progression. Nous rappelons que la mise en place de débats est abordée dans la page « Dire ».]

* Etablir des liens logiques, généraliser, caractériser

– Faire bâtir des organigrammes à partir de textes simples, puis longs, puis complexes (répétitions, retour en arrière) ; faire hiérarchiser puis résumer l’organigramme.

– Faire donner un titre aux paragraphes d’un texte. Attention, il existe plusieurs niveaux de titres.

Exemple :

Il y a dans un premier temps simple tri du type d’information, dans un second temps mise en questionnement, et dans un troisième synthèse des informations.

Pour commencer l’exercice les élèves trouvent librement leurs titres, puis après une rapide comparaison on lance une deuxième vague d’exercices avec plus d’exigences.

– Donner un corpus de documents, faire identifier les domaines d’une question qu’ils traitent au travers de leurs points communs et différence.

* Identifier un plan ou les étapes d’un raisonnement

– Donner une composition complète, rédigée. Faire souligner successivement les parties de l’introduction, les lancements des parties et leur rappel en conclusion.

– remettre dans l’ordre des éléments fournis

– variantes TICE :

      * exercice sur l’outil exercices de Pronote : remettre dans l’ordre divers passages

      * appui sur une banque de compositions ou de démonstrations d’élèves d’années précédentes placées sur le site du lycée (anonymées et dactylographiées)

* Réaliser le plan de composition à partir d’un sujet et d’une documentation

difficulté: passer de l’information à l’idée générale (concept abstrait) puis à la réflexion d’ensemble sur le sujet

intérêt: montrer le gain en clarté d’un discours reposant sur un plan explicite, par rapport à un propos littéraire ou non structuré

– Appui sur un texte court, un texte long, le cours, le cours et une partie du manuel, un reportage ou un film

– Sujet : très simple (descriptif, classement), puis problématisé

– A la correction, valoriser la diversité des plans possibles sur un même sujet

– Variantes

      * fournir des plans-types, demander que chaque élève les décline autour d’un sujet

      * faire réaliser aux élèves la diversité des plans-types en fonction des matières (lettres, économie, philosophie)

       * proposer des exercices en temps très limité (préparation d’oral en 20 minutes, composition en une heure) pour agir en mode réflexe (avec des élèves ayant leur cours disponible ou appris – après interrogation de cours par exemple)

– Variantes TICE :

      * placer les informations sur un fichier, les élèves les copient/collent, réalisent leur plan sur traitement de texte

      * faire rechercher sur internet les réponses déjà existantes sur un sujet (exemple: annales du bac) et les comparer

* Sélectionner des informations pour une composition

difficulté: saisir les éléments compris dans une idée générale, solliciter toutes les connaissances et ne pas se satisfaire d’une réponse partielle

– Donner un plan à alimenter à partir d’un texte, du cours ou du manuel, ce peut donc être un exercice, une exploration d’un aspect du cours, une phase de généralisation après exercices, une révision (appui sur le manuel après le cours)

– Variante: on peut donner sur un plan identique (assez neutre) des sources partielles ou de points de vue différents, et les faire se confronter (groupes d’élèves aux sources différentes devant faire une synthèse)

Exemple : donner à chacun un manuel différent à partir duquel alimenter un plan

* Faire travailler la problématique

– Approche classique : réfléchir sur les termes du sujet, reformule

– Faire trouver le sujet aux élèves en leur ayant donné un plan détaillé (la réponse

– Correction d’une composition / d’une introduction ou conclusion rédigée

– Donner une composition aux élèves, ils la corrigent et notent individuellement. Le plus souvent, on obtient une gaussienne…

– Proposer 3 introductions à corriger (traitant un même sujet), et en faire rédiger une ensuite (on peut avoir demandé à l’élève d’en rédiger une avant)

– Fiche d’aide fournie lors de l’évaluation : la structure de la composition (avec grille remplie par l’élève puis par le correcteur).

* Gestion du temps (du professeur et de l’élève) et du stress

– Découper en phases le travail de la composition (ou de l’oral): prélèvement d’informations, analyse du sujet, conception du plan, rédaction au brouillon de l’introduction ou de la conclusion, rédaction de l’ensemble de la copie ;  (dont schémas en géographie); minuter chaque étape (en faire prendre conscience aux élèves).

– N’entraîner les élèves qu’à une de ces tâches en leur donnant les autres ou en ne demandant pas de rédaction complète.

– Variantes :

      * faire réfléchir aux conditions effectives de l’examen, de l’oral, de l’évaluation: stress, oublis, etc., et anticiper des solutions

     * offrir des devoirs maison optionnels: tout le monde fait le plan, mais les volontaires rédigent en entier ; seules les notes améliorant leur moyenne seront prises en compte ou bien des points bonus sont attribués sur le prochain devoir, ce qui limite la prise de       risque   et valorise l’effort (commentaire sur le bulletin); l’enseignant n’a que peu de copies à corriger

* Définir des modèles, des règles

– La voie habituelle de la modélisation est de confronter les élèves à une pluralité d’exemples, afin qu’ils identifient les points communs et réalisent un modèle ou un schéma transférable.

– Autre approche : prenons une règle, d’orthographe, de grammaire, de conjugaison. Les élèves, chaque année, butent dessus et il faut y revenir sans cesse, sans garantie de réussite. Pourquoi ne pas investir plus de temps dès la première fois, en inversant le travail : les élèves seraient confrontés à des textes, dans lesquels la règle serait employée ou non. Ils la trouveraient, en définiraient l’utilité, au vu des problèmes de compréhension que posent sa non-application. C’est plus long, mais en temps annuel de cours et de correction (surtout), c’est plus rapide.

Ce modus operandi peut être transféré à d’autres formes de règles.


[1] http://eduscol.education.fr/fileadmin/user_upload/Physique-chimie/PDF/resolution_problemes_Griesp.pdf

[2] Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, ESF, 1990, souvent réédité depuis.

[3] L’argumentation dans la communication, Philippe Breton, La découverte, 2006

2 commentaires sur « Poser un propos structuré »

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