Accueil>Construire ses cours>Bâtir son activité pédagogique> Faire un cours: premiers réflexes

La démarche globale de réalisation d’un cours est exposée dans quantité de sites internet (par exemple celui de l’académie de Strasbourg [1] : des outils pour construire une progression et préparer un cours, ou les 59 pages proposées par l’Académie d’Orléans-Tours pour les enseignants d’anglais, comportant des fiches très intéressantes [2]; sinon il y a Wikihow [3]…). Mais la meilleure présentation est dans le Précis d’ingénierie pédagogique, d’André Tricot et Manuel Musial [4](de par la hauteur de vue et la précision de l’approche). Les éléments qui suivent se situent sur un angle plus directement opérationnel.

  • En tout premier, tout enseignant doit connaître le « Référentiel de compétences des enseignants» (2013) [5], tout simplement la base de ce notre employeur attend que nous soyons capables de mobiliser comme ressources !
  • Dès le début du travail (après avoir réfléchi un peu seul et avoir feuilleté le manuel de la classe…), on consulte bien entendu les Instructions officielles, et si l’on travaille en collège le Socle commun de connaissances et de compétences, qui est au-dessus des IO. Enfin lorsqu’il y en a il est bon de lire les Orientations pédagogiques indiquées par les inspecteurs de la matière ou de l’académie (ex : dans l’académie de Caen en Histoire-Géographie [6] ou en Anglais [7], de véritables mines d’or).
  • Ce cadrage institutionnel réalisé, on peut commencer à réfléchir à son projet de cours. Et bien entendu à l’évaluation qui viendra, afin que les élèves soient prêts (la programmation est évoquée dans les pages Structurer ses enseignements de ce site).

Le danger est de sous-estimer la difficulté de ce que l’on transmet aux élèves. Celle-ci provient du vocabulaire employé, en fonction de l’âge et du milieu social de l’élève, mais aussi de l’accumulation d’éléments : les premiers enchaînements sont compris, puis certains élèves ne suivent plus devant la charge cognitive… Pour vérifier, il suffit de réaliser un organigramme présentant l’enchaînement réel des éléments que l’élève devra maîtriser pour suivre le propos du cours. On a parfois des surprises !

Les manuels ne sont guère plus simples: dresser la liste des mots techniques, des dates ou des idées se succédant dans une seule page donne le tournis bien souvent. Et sans pour autant que l’idée que l’on souhaite passer soit plus claire, au contraire.

  • Alors se présentent deux questions : A quel niveau de complexité entend-on décliner le programme ? Sous quelle forme amener ces savoirs ?

Si le niveau de complexité dépend de celui que les élèves sont en mesure de retenir, il est un invariant : à trop simplifier le contenu, on en fait perdre le sel, et les élèves ont l’image d’un contenu sans valeur, voire d’une humiliation. Mieux vaut donc s’appuyer sur un savoir présenté comme ambitieux et dont l’acquisition représenterait un progrès pour les élèves.

Le corollaire est de s’appuyer non sur une présentation linéaire mais sur une mise en question, en « situation-problème », d’un défi à relever. On se situe donc bien dans un raisonnement, et non dans un exposé, quelle que soit la modalité pédagogique choisie.

  • Maintenant que le contenu notionnel, savant de votre cours est posé, vous pouvez réfléchir à sa dimension méthodologique. Une première approche peut être opérée à l’aide du schéma ci-dessous, adaptée du très bon article « Prendre en compte les apprentissages lors de la conception d’un scenario pédagogique »[8] (une version très développée est disponible sur le site de l’Institut français de l’éducation [9]).

1 : favoriser la compréhension

2 : favoriser la conceptualisation

3 : favoriser la mémorisation littérale

4 : favoriser la « procédurisation »

5 : favoriser l’automatisation

6 : favoriser la prise de conscience

Un équilibre devra être trouvé entre la tâche qui sera donnée aux élèves (choisie pour sa capacité à motiver les élèves, à les maintenir dans une attention suffisante, et à être claire), et le contenu ou la méthode qui devra être retenue effectivement. L’important, c’est l’acquisition. Il peut parfois être tentant de monter des activités intéressantes pour les élèves, mais peu rentables d’un point de vue pédagogiques. Chacun juge en fonction du moment et de la dynamique de sa classe.

  • Une fois le projet mûri, il peut être intéressant de regarder ce qui est proposé sur Académie en ligne (service du CNED), sur Khan Academy (pour les cours de mathématiques, science et informatique pour la version en français), sur des sites internet de matières (Web lettres, Les Clionautes…) ou de collègues, ou encore sur Kartable, pour voir si l’on n’est pas trop éloigné, et si on l’est, de vérifier que c’est pour de bonnes raisons. Attention néanmoins:  ces sites privilégient les cours magistraux, (avec des volumes de connaissances parfois impressionnants, comme avec Kartable) et les exercices simples (document + questions) en raison de leur format. La réalité de la classe et l’efficacité pédagogique peuvent être -très- éloignées de ces modes de fonctionnement…
  • A ce stade, vous avez déjà brûlé un grand volume de temps. Mais il vous reste à envisager la vie de votre cours.

En effet, un cours n’est pas que l’activité que vous avez patiemment préparée. C’est un temps de rencontre avec les élèves et avec l’imprévu.

Il y a d’une part le « tissage » à mettre en place, entre votre cours et ce qui a précédé, ce qui suivra, la vie en général, le vécu des élèves en particulier [10]. Un cours n’est pas un isolat, ou s’il l’est on l’oublie bien vite. Si vous n’indiquez pas le sens, la cohérence, qui le fera ? Un élèves de 6e, seul, qui vient à peine de découvrir ces connaissances ? On mesure bien l’inégalité sociale qui point, les parents les plus éduqués sauront donner le sens lointain de la chose enseignée, et leurs enfant d’adhérer à des cours que rejetteront plus volontiers des élèves moins avertis. Or tisser, cela s’anticipe. Il faut le vouloir pour ensuite pouvoir le faire dans le feu du cours.

Il y aussi l’anticipation de la possibilité d’ajustements, d’improvisations, de temps d’aide aux élèves (de réponse aux questions par exemple). Si l’activité est trop rigide, elle sera menée, mais avec quel gain ? Avec l’expérience, on sait qu’on a jeté aux orties bien des séances patiemment préparées, mais que derrière les élèves, avec ce qu’on a effectivement bâti, ont compris. Là aussi cela suppose une maîtrise qui dépasse le strict contenu du cours. Chacun se bat avec ce qu’il a, de la proximité d’âge qui offre certaines libertés, à la culture (générale ou pédagogique) des vieux briscards.

… Insatisfait de cette présentation, bien générale ? Je vous comprend. Je suis passé par là.

Il va vous falloir lire les parties consacrées aux types de cours afin d’arbitrer les formes de cours et leur articulation au sein de la séquence que vous êtes en train de bâtir. Et éventuellement regarder parmi les exemples (certes, encore peu nombreux, je fais mon possible pour en ajouter), voir si vous pouvez vous inspirer d’une structure; les videos présentées sur le site de l’IFE de l’analyse détaillée d’une séquence devant élèves sont aussi d’une grande richesse [11]… Et au-delà, il vous faudra réfléchir à des progressions. C’est un travail au long cours. Vous trouverez je l’espère sur ce site des recettes à votre goût, et y incorporerez vos ingrédients, à moins que vous n’en inventiez une !


[1] https://www.ac-strasbourg.fr/pedagogie/histoiregeographie/formations/entree-dans-le-metier/journees-daccueil-prise-en-main-des-classes-et-pistes-pour-debuter/des-outils-pour-construire-une-progression-et-preparer-un-cours/

[2] anglais.ac-orleans-tours.fr/…/user…/Enseigner_l_anglais_au_collège_et_au_lycée.pdf

[3] https://fr.wikihow.com/pr%C3%A9parer-un-cours

[4] Précis d’ingénierie pédagogique, Manuel Musial et André Tricot, éd. De Boeck, 2020

[5] http://eduscol.education.fr/cdi/actualites/archives/2013/ref_comp_doc2012

[6] http://histoire-geographie.discip.ac-caen.fr/sites/histoire-geographie.discip.ac-caen.fr/IMG/pdf/ORIENTATIONS_PEDAGOGIQUES_HG_2013.pdf

[7] https://anglais.discip.ac-caen.fr/spip.php?article250

[8] Manuel Musial, Fabienne Pradère, André Tricot, Recherche et formation, n° 68, 2011

[9] http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-prioritaire/ressources/theme-2-perspectives-relatives-a-laccompagnement-et-a-la-formation/copy_of_formats-de-connaissances-et-processus-dapprentissages-1/glossaire/formats-de-connaissances-et-processus-dapprentissages

[10] Dominique Bucheton, dans « Les gestes professionnels dans la classe » ( ESF, 2019) insiste particulièrement sur cette dimension fondamentale dans la réussite des élèves.

[10] Institut français de l’éducation, Ecole normale supérieure, Lyon: http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-prioritaire/ressources/theme-2-perspectives-relatives-a-laccompagnement-et-a-la-formation/le-travail-personnel-de-leleve-dans-la-classe

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