Accueil>Construire ses cours> Structurer ses enseignements> L’évaluation: enjeux>L’évaluation des garçons et des filles

La différenciation garçon / fille doit être interrogée[1]. Contre toute attente, les notes anonymes se révèlent moins favorables …aux filles ! En effet de récentes études montrent que les enseignants, marqués par les discriminations subies depuis la nuit des temps par les filles, et poussés par des représentations qui ne sont pas toutes favorables aux garçons (dans un corps enseignant largement féminisé), notent au final plus sévèrement les garçons [2]. Etonnant, non ?

A noter, l’enquête TeO (Trajectoires et Origines), menée par l’INSEE et l’INED et dont les conclusions ont été publiées en 2015, confirme que les plus défavorisés parmi les élèves sont les garçons issus de l’immigration du Maghreb, de Turquie et d’Afrique sub-saharienne (avec un pourcentage deux fois plus important que la moyenne nationale pour les enfants sortant du système scolaire sans aucun diplôme, soit un tiers !). Parmi les pistes d’explication, il y a en plus des habituelles difficultés pour les garçons à adhérer aux codes de l’école primaire (rester assis, lire), l’idée que les filles feraient l’objet d’un plus important investissement scolaire de la part de leurs mères, afin de ne plus subir la position trop souvent dominée qui est la leur.

Néanmoins, d’autres critères doivent être évoqués. Les enseignants semblent plutôt influencés par le comportement des élèves que par leur sexe. Les filles respectent plus les codes, mais les fils de cadres aussi, et réussissent mieux que les redoublants ou les fils d’ouvriers. Un rapport de l’OCDE donne à ces habitudes une dimension planétaire : « On relève également dans le rapport que les enseignants donnent systématiquement de meilleures notes aux filles qu’aux garçons en mathématiques, même lorsque les unes et les autres obtiennent des résultats similaires à l’épreuve PISA. La raison semble en être que les filles, plus attentives en classe et mieux disciplinées, sont notées en considération de leur comportement. » [3]

L’ampleur du phénomène est difficile à évaluer. L’écart de notes dans certaines études n’est que de 0,5 points. Mais la proportion de garçons, de fils d’ouvriers et de redoublants obtenant le bac par l’examen (noté en aveugle) est supérieure à celle de ceux qui l’auraient si l’on passait par contrôle continu.

Plus largement, il est difficile dévaluer la différence qu’induit l’écart de maturité entre garçons et filles à âge égal, car ce sujet est très peu étudié (pour plus d’éléments sur l’autonomie, vous pouvez consulter cette page). Cette différence est pourtant une injustice structurelle, au détriment des garçons, de nos systèmes scolaires.

Vers le dossier Enseignement et Genre


[1] On peut lire, par exemple : Pierre Merle, Les notes, secret de fabrication, PUF, 2007

[2] Christopher Cornwell, de l’Université de Géorgie, par exemple, observe des garçons moins bien notés en mathématiques et physique en dépit de tests de niveaux égaux ou supérieurs.

[3] https://www.oecd.org/fr/presse/les-inegalites-entre-filles-et-garcons-dans-l-enfance-influencent-l-orientation-professionnelle-et-les-perspectives-d-emploi.htm, s’appuyant sur le rapport L’égalité des sexes dans l’éducation – Aptitudes, comportement et confiance.

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