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L’Homosexualité
La caractéristique première de l’homosexualité est le fait qu’elle se découvre au fil des années chez les personnes concernées. Certains enfants se posent des questions, mais c’est souvent avec la puberté et l’affirmation d’un sexe biologique et d’une attirance sexuelle qui peuvent diverger que l’identité homosexuelle s’affirme. Toutefois cette identité peut rester inassumée ou non élucidée, avec des révélations tout au long de l’âge adulte [1].
[ Cette résistance au bain culturel des stéréotypes interroge des personnes telles que Jordan Peterson, qui y voient une preuve de ce que le sexe est d’abord congénital avant que d’être social.]
La période cardinale reste le plus souvent l’adolescence. Une enquête menée en 2013 auprès de 15-24 ans [2] a établi que 10% des garçons et 18% des filles étaient attirés par des personnes du même sexe. La définition comme homosexuel arrive progressivement, et ne concerne finalement qu’une faible part de ces personnes.
15-18 ans | 19-24 ans | |
Garçons | 2% | 4% |
Filles | 2% | 3% |
Et encore, faut-il rappeler que cette affirmation identitaire est en réalité infiniment plus complexe, avec une multitude de nuances dans la définition de son identité sexuelle ou affective comme indiqué dans la présentation des questions de genre. L’échelle de Kinsey qui va de l’hétérosexualité à l’homosexualité étudie en partie ce phénomène.
On comprend donc que ces découvertes passent par des étapes, étudiées au travers du modèle de Cass :
– confusion, découverte
– comparaison d’identité
– tolérance de l’identité
– acceptation identitaire
– fierté identitaire (potentiellement conflictuelle)
– synthèse identitaire (apaisement)
Cette quête peut passer par une relation affective avec une personne du sexe opposé, en toute sincérité, relation pouvant déboucher sur une confirmation dans l’hétérosexualité ou au contraire sur une rupture et une affirmation homosexuelle.
Cette quête passe aussi par le regard de la société. Chez les personnes nées filles, les signes d’affection sont plus fréquents, et l’acceptation sociale est généralement plus rapide. Chez les personnes nées garçons, la manifestation de la tendresse entre garçons étant rare, la visibilité du changement est plus forte et peut davantage surprendre.
Ce regard social est surtout celui de la famille, des parents. Depuis les années 1970 l’acceptation progresse nettement, mais ce moment reste trop souvent compliqué et douloureux, pour un grand nombre de raisons. Certains se demandent ce qui a pu faire naître une telle forme d’identité ou d’affection chez leur enfant. Ils peuvent prêter une oreille à ceux qui présentent l’homosexualité comme la suite d’un traumatisme… Aujourd’hui la dimension congénitale de l’identité homosexuelle a le vent en poupe, même si fondamentalement personne ne sait avec certitude ce qui place des humains hors des sentiers majoritaires, sur une voie dont la légitimité et la dignité ne souffrent pas discussion.
On ne « devient » donc pas gay, on le découvre juste.
La transidentité
La Transidentité a en commun avec l’homosexualité les phases de questionnement et de découvertes, sous le regard de la société et des proches (une enquête évoque 40% de trans-sexuels disant avoir perdu contact avec au moins 1 membre de leur famille ).
Ici aussi, il ne saurait s’agir d’une caractéristique acquise. « La transidentité s’impose à l’individu. » [3]
Même s’il a fallu attendre 2019 pour que l’OMS la retire des maladies mentales…
La spécificité est ici le changement d’identité sexuée par rapport au sexe de naissance (parfois désigné « sexe d’assignation »). On retrouve la loi de 2016 sur le changement de prénom ou de sexe à l’Etat civil (présentée dans le propos général sur le genre).
Mais pour qui veut changer de sexe biologique, un parcours a été défini en 1979. Il ne s’adresse qu’aux majeurs, comprend deux ans d’accompagnement psychologique, à l’issue desquels un traitement hormonal et des opérations entérinent le changement vers une identité physique en adéquation avec l’identité personnelle.
Néanmoins, devant un processus aussi lourd, de plus en plus de personnes débutent un traitement hormonal ou lancent des opérations à l’étranger, ce qui est à la fois une accélération bienvenue et une prise de risque dangereuse sur des sujets aussi complexes, en l’absence d’un accompagnement professionnel et global. Certains élèves peuvent se trouver dans ce cas.
Il est aussi à noter que, dans les pays scandinaves où la transition est rendue plus facile depuis longtemps, des questions commencent à monter sur le risque de confusion chez des adolescents. Touchés par divers troubles de l’identité (dont l’anorexie) ils trouveraient dans le changement de genre une réponse somme toute rapide et aujourd’hui le plus souvent acceptée à des problèmes plus complexes encore [4]. A quel âge est-on véritablement en mesure de prendre des décisions si lourdes de conséquences ? Quel équilibre trouver entre respect de la spécificité individuelle et protection de l’individu face à ses erreurs d’immaturité ?
[1] Martine Gross, « Se découvrir gay », in « Choisir la paternité gay », Eres, 2012
A noter, le chemin inverse est possible aussi: le danseur étoile Patrick Dupond, aujourd’hui décédé, a longtemps vécu comme homosexuel avant de comprendre que le coeur de son identité était hétérosexuelle.
[2] 16 octobre 2013 Sondage auprès de 1000 jeunes âgés 15 à 24 ans, ifop.com Génération You Porn : mythe ou réalité ?, cité dans Wikipedia article Homosexualité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Homosexualit%C3%A9
[3] « les discriminations LGBTphobes à l’école : état des lieux et recommandations » rapport Teychenné, 2013