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Hémisphères cérébraux, cognition visuo-spatiale et conscience du changement visuel, Sara Spotorno, Sylvane Faure, Revue de neuropsychologie 2011/1 (Volume 3), pages 23 à 32

La plupart des travaux en neuropsychologie indiquent une latéralisation fonctionnelle plus prononcée chez les hommes pour les processus visuo-spatiaux, même si le résultat apparaît déterminé par l’interaction de nombreux facteurs. Cette différence d’asymétrie est souvent discutée en lien avec les performances : les hommes démontrent de meilleures capacités visuo-spatiales, étant à la fois plus rapides et plus exacts que les femmes. La disparité varie selon le type de tâche : forte dans la tâche de rotation mentale, modérée pour les mesures de perception spatiale et très faible, voire inexistante, pour les mesures de visualisation spatiale, qui requièrent plusieurs transformations d’une image mentale. Différentes hypothèses explicatives sont explorées. Les recherches en neuropsychologie examinent en particulier les effets des facteurs liés à la tâche comme le type de tâche et de matériel ainsi que la charge de traitement, ou relatifs au sujet, comme la stratégie, la latéralisation fonctionnelle et, plus récemment, le statut hormonal.

Les relations entre les taux d’hormones sexuelles et l’efficience des traitements visuo-spatiaux sont maintenant bien connues, à défaut d’être vraiment expliquées. Plusieurs données, dérivant des comparaisons hommes/femmes, des recherches sur les femmes à différentes phases du cycle menstruel, des comparaisons entre femmes ménopausées qui prennent ou pas une supplémentation hormonale ou encore des études sur le changement de sexe, indiquent que les hormones moduleraient l’organisation cérébrale fonctionnelle. La testostérone déterminerait un fonctionnement cérébral plus asymétrique, ce qui – comme nous l’avons noté ci-dessus – contribuerait à de meilleures capacités visuo-spatiales. Les hormones féminines, c’est-à-dire la progestérone et les œstrogènes, diminueraient l’asymétrie fonctionnelle, respectivement par une levée de l’inhibition que l’hémisphère spécialisé pour le traitement en cours exerce sur son homologue via le corps calleux ou par l’amélioration des traitements intrahémisphériques dans les deux hémisphères ; ce recrutement cérébral plus étendu et bilatéral serait désavantageux pour les tâches visuo-spatiales.

Le cerveau a-t-il un sexe ?, Cécile Guillaume, Les Cahiers Dynamiques 2013/1 (n° 58), pages 31 à 39

Sur le plan de l’anatomie, les cerveaux masculins sont plus gros et volumineux ce qui conduit plusieurs scientifiques du XIXe siècle à établir un lien entre la taille et le poids du cerveau d’une part et l’intelligence d’autre part. […]

Les techniques d’imagerie récentes révèlent donc que les différences anatomiques entre cerveaux d’hommes et de femmes sont liées à un effet de volume cérébral plutôt qu’à un effet de sexe : la piste anatomique comme explication du fait que les hommes et les femmes pensent différemment ne tient plus la route. L’avènement de l’imagerie cérébrale a ouvert une autre piste, plus prometteuse, pour tenter de comprendre les origines des différences entre hommes et femmes : ces techniques permettent de voir le cerveau en fonctionnement et la façon dont il « s’active » lors de tâches diverses, et notamment lors de tâches où les performances entre hommes et femmes varient. […]

Il existe une littérature riche sur cette question et il ressort de façon consensuelle qu’il existe bien des patterns d’activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d’idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d’une étude à l’autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d’activation et les différences de performance, certaines études observant par exemple des activations cérébrales différentes alors qu’il n’y a pas de différences en termes de performance . [ …]

Dans l’ensemble, les travaux ayant cherché des éléments anatomiques ou fonctionnels permettant d’expliquer les différences de performance et de comportements entre les sexes révèlent des résultats disparates et mitigés. Sur le plan du fonctionnement du cerveau notamment, ces différences d’activation n’ont pas pu être à l’heure actuelle caractérisées de façon claire et univoque. La variabilité semble davantage expliquée par des différences individuelles, y compris entre individus d’un même sexe, que par un effet du sexe : en d’autres termes, les différences observées entre cerveaux d’hommes et de femmes ne sont pas plus grandes que celles observées entre cerveaux d’hommes entre eux ou de femmes entre elles comme l’indique la neurobiologiste Catherine Vidal.

Par ailleurs, l’observation de différences d’activation cérébrale ne dit rien sur l’origine de ces différences (différences biologiques vs différences sociales et culturelles) d’autant que les travaux récents en neurosciences ont révélé des capacités de plasticité cérébrale très importantes, à tout âge de la vie, chez les hommes comme les femmes. L’entrée en scène de la plasticité cérébrale permet ainsi d’expliquer que des différences cérébrales puissent être « construites » en réponse à l’environnement.

À la naissance, le cerveau n’a pas toute sa myéline et une myélinisation massive se met en place entre 0 et 10 ans. La myélinisation double ensuite entre 10 et 20 ans et augmente encore de 60 % entre 40 et 60 ans, ce qui suggère que le cerveau peut intégrer des expériences tout au long de la vie.[…]

Ndlr :

– Cette étude révèle également que l’« optimisation » des cerveaux s’accentue au cours de l’adolescence, les différences étant moins marquées chez les enfants plus jeunes.

– Les études sur les personnes transgenre ont pu montrer des évolutions cognitives, mais elles demeurent trop rares et les différences interindividuelles sont trop importantes pour qu’il soit à ce stade possible d’en extraire des analyses généralisables.

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