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– Les grands équilibres des programmes : une présence progressive et large, mais aussi très discrète et incomplète des questions de genre

Soyons clairs : les questions de Genre sont très peu présentes dans les programmes de Collège et de Lycée, tant dans les contenus prescrits que dans les attendus de mise en œuvre. L’exception est le programme de SVT, qui tant au Collège qu’au Lycée aborde explicitement les questions de sexe (dont la puberté) et de reproduction. Mais il faut une recherche souvent approfondie pour débusquer de minces allusions dans de nombreux programmes ; bien souvent il s’agit de quelques mots au sein d’une liste, ou de points au choix parmi d’autres.

Plusieurs programmes n’en parlent pas du tout alors qu’ils en avaient l’opportunité. Ainsi en Français au lycée, le genre est littéraire, et en Philosophie il est question du genre… humain. La spécialité Humanité, Littérature et Philosophie élude aussi le sujet, comme la majorité des spécialités (qui reposent pourtant sur des approfondissements largement dotés en horaires).

Néanmoins le Genre peut être convenablement traité avec ces programmes.

Une fois la collecte terminée on constate que les éléments rassemblés couvrent un large spectre d’une approche du Genre, tant dans les mots employés que dans les approches (la partie suivante développe ceci).

Paradoxalement, on peut aussi penser que cette approche majoritairement non-genrée des programmes est une manière de dispenser à tous les élèves un enseignement identique, qui croiserait les domaines pouvant être associés aux stéréotypes d’un genre ou d’un autre. Lorsqu’en sport, un thème appelle les élèves à se positionner en attaquant puis défenseurs dans des « affrontements », puis que les mêmes élèves doivent exprimer leurs émotions au travers d’une expression de leur corps publique, on sent bien l’intention de mixité. La prise de parole, le travail régulier et posé, toutes les compétences sont attendues de chacun, sans distinction.

Enfin de nombreux passages du programme laissent une grande latitude aux enseignants d’illustrer les thèmes abordés avec des points de discussion sur le Genre. Mise en place de débats, réflexions sur la presse ou les inégalités…

Cependant qui dit liberté dit aussi liberté de n’en pas parler, voire même de perpétuer un enseignement sexiste, sans encourir de reproche des corps d’inspection.

D’autant qu’en fait de « genre » il s’agit surtout de féminisme  dans ces programmes. C’est par l’angle des femmes que la question est abordée. Or on a pu voir dans les pages de ce site consacrées au Genre, aux enseignants ou aux élèves que cette approche ne saurait suffire à traiter le Genre dans sa globalité.

Rien sur les hommes hétérosexuels.

Enfin très rares sont les allusions aux personnes LGBT (EMC du cycle 4,  EMC de Seconde), et dans 2 cas sur 3 il s’agit de travailler sur les « phobies » (homophobie, transphobie) ; une seule évocation des « droits des personnes homosexuelles et transsexuelles ». Une approche par conséquent très faible, et traumatique plus qu’explicative. Cela risque de ne pas suffire pour donner à ces manières de s’identifier et d’aimer toute la banalité qui naîtrait d’une plus grande familiarité et de discussions ouvertes.

Fort heureusement, dans le BO du 30 septembre 2021 a été publié une synthèse « Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire », traitant explicitement de la transidentité, et qui demande aux enseignants de connaître, accompagner et protéger. Un grand pas en avant.

Un programme qui enregistre donc des progrès, mais qui reste inabouti. Chacun l’interprétera à sa convenance.

– Contenus et prescriptions : les fondements d’une culture essentiellement féministe

Les contenus enseignés s’appuient sur la complémentarité des matières.

A la SVT revient la tâche de présenter les questions de sexe et de reproduction : qu’est un garçon, qu’est une fille, à la naissance puis aux différents âges de la vie, notamment à la puberté.

Pourtant aucune allusion explicite dans les programmes aux personnes pour lesquelles ces questions sortent de cette binarité, dès la naissance ou pour des questions d’incompatibilité identitaire. Regrettable. Une marge pour la liberté de l’enseignant…

Des connaissances sont ensuite posées sur les rapports entre ces sexes ainsi que sur leur insertion dans le monde. L’Histoire, le Français ou la Philosophie présentent toutefois de manière écrasante des hommes, on ne peut réinventer le gouvernement et la pensée de siècles sexistes. Quelques « Points de passage et d’ouverture » du tronc commun d’Histoire au lycée (au choix des enseignants) proposent quelques personnalités féminines. Surtout, en Histoire et en SES, l’insertion des femmes dans la vie publique est abordée sous différentes facettes.

A l’EMC et aux langues revient la possibilité de poser les enjeux et de permettre leur mise en discussion, en débat.

Enfin l’EPS assume la mission de permettre aux élèves d’appréhender leur propre corps, ce qui est un enjeu crucial et difficile à ces âges de mutations différentes dans leur déroulement et leurs résultats, mais aussi d’expérimenter la coprésence, dans le respect. Lourds enjeux !

La complémentarité repose aussi sur l’équilibre Collège-Lycée.

Au Collège, la SVT et l’EPS sont les deux matières principalement concernées par les questions de Genre.  Apprendre à se connaître et à respecter l’autre. L’EMC n’est là que pour rappeler les principes d’égalité, et rejeter toute discrimination. Le Français propose des identifications positives, de héros et héroïnes.

Au lycée l’approche est plus globale, plus approfondie et plus polémique.

L’Histoire, les Langues, la SES s’impliquent à leur tour. Les chapitres abordent les femmes accédant au savoir (salons du XVIIIe, alphabétisation/enseignement, science/recherche), s’engageant en politique (Louise Michel, Simone Veil). La société actuelle est abordée dans ses enjeux de pouvoir.

Le vocabulaire se précise aussi : on parle de Genre en SES ; l’égalité se complète de l’émancipation, et même d’une dénonciation du machisme, des stéréotypes  !

Le programme d’Anglais va jusqu’à s’inscrire dans une dynamique militante en énonçant « un mouvement général qui reste d’actualité ».

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