Réponse :
C’est compliqué. Certes, on peut considérer que le risque nucléaire est élevé quand il a accident. Toutefois, l’éolienne n’est pas anodine pour autant.
Faisons un rapide calcul (les valeurs chiffrées ne sont ici que des ordres de grandeur, bien entendu, chaque chiffre pouvant être longuement discuté). Soit l’éolienne (en mer) la plus puissante actuellement au stade du prototype, l’Haliade-X : elle est donnée pour produire 12 MW. Mais cela hors entretien et en fonction de la vitesse du vent, donc sur l’année elle produit 20-25% de son potentiel maximal. Pour simplifier, donnons-lui 2.5 MW.

Soit un réacteur en service en France actuellement (donc une ancienne technologie, moins puissante que les actuelles), d’environ 1 000 MW, avec de très rares phases d’arrêt. Mettons 950 MW en moyenne.
950/2.5= 380
Il faut donc 380 Haliade X pour produire autant qu’une ancienne tranche réacteur nucléaire
Précisons que ces éoliennes en mer ont un rayon de 220 mètres, imaginons 3 éoliennes dernier cri par km. Il faut alors 127 km de long pour les implanter. Et les implanter solidement, au fond de la mer, car elles culminent à 260 m de haut. A quoi on ajoute les câbles, les transformateurs (de la taille d’un immeuble, en off-shore), et l’entretien régulier. On imagine ce que devient le plateau continental, avec poissons et crustacés : une usine.
Surtout si l’on considère qu’il y a en France 56 réacteurs nucléaires, soit :
56 x 127 km = 7 112 km de long…
Nous n’évoquerons pas ici la quantité très importante de métal nécessaire à cette industrie, les immenses pièces en fibres de carbone non recyclables [1], et surtout les métaux rares, indispensables à la fabrication de courant avec des éoliennes, extraits de montagnes de Chine dans des conditions écologiques effroyables [2] et qui nous placent en situation de dépendance stratégique avec un pays…inamical.
Bien entendu, personne de sérieux ne propose de remplacer terme à terme un système centré sur le nucléaire par un système 100% éolien, mais alors cela veut dire qu’il faudrait aborder l’installation des nombreuses centrales au gaz (de Russie…) ou au charbon (co²), indissociables de l’éolien pour produire rapidement du courant tout le temps où il n’y a pas le vent adéquat et offrir un système complet.
Au final, pourquoi ce tract défend-il l’éolien en mer (on ne parle même pas sur terre, où les pales sont bien plus petites et les résistances plus fortes) ? Entre un risque élevé mais rare et la destruction assurée du plateau continental, avec une dépendance à Vladimir Poutine en prime, où est le gain ? Autant critiquer les deux sources.
Mais alors, comment fait-on du courant ?…
La vraie question est peut-être, pour quoi fait-on du courant ? Et de se rappeler qu’une voiture électrique, c’est d’abord une voiture (aussi polluante en cycle complet qu’une thermique selon l’ADEME [3]).
[1]: Les pales des éoliennes démantelées sont aujourd’hui enfouies après une vingtaine d’années de service, faute de filière rentable à ce jour comme le montre un article de l’Usine nouvelle. Or la taille de ces pales est passée de quelques dizaines de mètres à plus d’une centaine. La recherche continue.
[2]: « La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition écologique », Guillaume Pitron, LLL éditeur, 2018 ; il a reçu le prix du livre d’économie 2018 par l’association des journalistes économiques français.
Ou bien « La face cachée des énergies vertes », reportage inspiré par ce livre, Arte, 24 novembre 2020, avec notamment une intervention d’Yves Cochet (https://www.arte.tv/fr/videos/084757-000-A/la-face-cachee-des-energies-vertes/)
[3] https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/90511_acv-comparative-ve-vt-rapport.pdf Qui conclut: « à l’horizon 2020, le véhicule électrique modélisé pour une utilisation en Allemagne affiche une contribution à l’indicateur de changement climatique aussi élevée que celle d’un véhicule Diesel. » En France, c’est mieux pour le co²… à cause du nucléaire. Le sujet est un cas d’école, qui oppose les industriels entre eux, les écologistes entre eux. Cf https://www.latribune.fr/opinions/blogs/commodities-influence/mais-d-ou-vient-exactement-l-information-anti-voiture-electrique-865104.html, lorsqu’un spécialiste du marché des métaux tacle un lobby pétrolier.